Les avantages du logiciel libre

L’objectif de cet article est de présenter les principaux avantages du logiciel libre sans pour autant se livrer à un plaidoyer contre les logiciels « propriétaires ». Nous distinguerons les avantages selon qu’ils se ressentent immédiatement ou à moyen terme.

Les Avantages immédiats

Liberté d’utilisation

Le tout premier avantage (dont découlent in fine tous les autres) consiste en la liberté d’utilisation, permettant à l’organisation utilisatrice de maîtriser le déploiement en interne, la diffusion aux partenaires ou aux « clients » :

  • pas de coût d’échelle dû à une licence liée à un nombre d’utilisateurs, de serveurs…
  • possibilité de tester en périmètre restreint puis déployer à grande échelle n’importe quand ;
  • liberté de conserver une version déterminée du logiciel ;
  • liberté d’activation de fonctionnalités.

En somme, cette liberté bouleverse le contexte de l’élaboration et de la mise en œuvre des stratégies d’adoption et d’intégration pour offrir un niveau de maîtrise radicalement plus élevé.

 

Coût d’acquisition

Le premier critère de choix de solutions Open Source à longtemps été focalisé sur les économies réalisées. De manière générale, les cas d’usage démontrent que le TCO (coût total de possession) d’une solution libre reste inférieure à une solution propriétaire équivalente. Le détail sur le modèle économique Open Source sera abordé ultérieurement.

 

Maîtrise des données

Il s’agit ici d’un autre avantage des logiciels libres, qui se manifeste sur deux aspects : l’hébergement et l’exploitation.

S’agissant de l’hébergement, la grande majorité des logiciels libres proposent une version exécutable multi-plateforme à déployer sous un système classique (Windows, Linux, Mac OS), Linux représentant la plate-forme la plus représentée.

Cela permet à chacun de choisir où seront hébergés le service et les données (en interne ou externe), en fonction de ses compétences internes, de son budget et de ses objectifs et priorités (Confidentialité des données / Intégration à d’autres services de l’infrastructure). Nous verrons plus loin les cas dans lesquels ce principe doit être nuancé.

S’agissant de l’exploitation, la quasi-totalité des logiciels libres s’appuie sur des formats et protocoles standards et ouverts, car cela correspond à deux valeurs fortes du libre :

  • faciliter le partage/échange ;
  • ne pas réinventer la roue inutilement.

Quant aux cas où le logiciel en cause serait suffisamment spécifique pour avoir dû définir son propre format de données, l’accès au code source assure à l’utilisateur de pouvoir, si besoin, étudier ce format pour se l’approprier (ou en sortir).

Par conséquent, l’utilisateur du logiciel libre est certain de pouvoir toujours :

  • accéder à ses contenus ;
  • modifier ses contenus ;
  • diffuser ses contenus.

Cet atout est essentiel pour tous les utilisateurs compte tenu du volume d’informations à diffuser en interne ou auprès des administrés et de l’absolue nécessité de pérennisation des données.

 

Indépendance vis-à-vis des fournisseurs

Cet avantage tend à prendre le dessus sur la notion « d’économies » qui a longtemps dominé les discussions autour du libre. Nombreux sont les témoignages d’entreprises ayant souffert de techniques commerciales agressives de la part de l’éditeur : augmentation du coût des licences, passage forcé à de nouvelles versions, refus de corrections, etc. Les éditeurs propriétaires profitent alors de l’état de dépendance de l’utilisateur, dû au coût considérable qu’il devrait engager pour migrer vers une solution concurrente.

Pris au niveau des grands comptes publics, (et notamment les s) les enjeux d’indépendance mutent pour engager la notion de souveraineté numérique, dont les modalités se rapprochent de celles qui s’imposent aux grands comptes privés.

Le choix d’une solution libre évite cet effet d’enfermement en permettant à l’organisation utilisatrice de mettre en concurrence sans contrainte différents prestataires, libre à elle de :

  • privilégier le prix ;
  • privilégier tel ou tel critère ;
  • choisir un interlocuteur unique pour toutes les prestations sur ledit logiciel ;
  • ou au contraire panacher les fournisseurs selon les services en cause…
  • le cas échéant contribuer au développement économique local. Il faut simplement pour cela que le logiciel soit suffisamment populaire pour assurer une diversité des prestataires, nous y reviendrons plus loin.

 

Avantages à moyen et long termes

Ceux-ci découlent directement des avantages précédents. Du fait de cette totale liberté dont dispose l’organisation utilisatrice, celle-ci peut planifier à moyen et long terme une stratégie permettant de conserver un logiciel adapté à ses besoins (contraintes des renouvellements de marché et de la mise en concurrence des solutions logicielles). En découlent une économie de ressources croissante ainsi qu’une flexibilité, une fiabilité et une pérennité inégalées.

  • Économie de ressources d’abord : l’absence des coûts de licence ainsi que la possibilité de mise en concurrence permanente permet à l’organisation de réaliser des économies d’échelle ainsi que de planifier son budget en toute sérénité sur plusieurs années ;
  • Flexibilité ensuite, la liberté de modifier permettant à l’entreprise d’adapter le logiciel dès que cela s’avère nécessaire (nouvelles fonctionnalités, support d’autres formats, personnalisation de l’interface…) ;
  • Fiabilité encore, puisque l’entité utilisatrice reste décisionnaire des versions à utiliser, des correctifs à intégrer, du calendrier opérationnel ;
  • Meilleure maîtrise du cycle de vie des solutions : l’utilisateur décide quand il souhaite faire évoluer sa version de logiciel sans subir la pression de l’éditeur ou d’un intégrateur ;
  • Pérennité enfin, le libre accès et la liberté de modification assurant à l’entreprise de pouvoir toujours trouver un prestataire capable de maintenir et développer le logiciel voire développer sa propre expertise interne. Dans le cas où une communauté prend la décision de ne plus garantir la maintenance d’un logiciel, il est toujours possible (et probable) pour un groupe de développeurs de reprendre le code source du logiciel et d’assurer une maintenance. Dans le cas où un éditeur décide de ne plus assurer la maintenance d’un logiciel propriétaire, il y a difficilement un recours possible.

Tous ces avantages ne relèvent pas d’une conception idéologique idéalisée, mais des constats éprouvés par les grandes entreprises et administrations adoptant d’entrée une solution libre ou ayant mis en œuvre des projets de migration. Mais alors, pourquoi le libre n’est-il pas déjà LA voie dominante partout ? Tout simplement parce qu’en fonction de la situation, les investissements à fournir seront plus ou moins importants, que nombre de solutions propriétaires ont une maturité plus importante que leurs équivalents libres…

 

Les prérequis : réfléchir, investir, prévoir

Quelle que soit la nature du logiciel, les freins potentiels à sa bonne adoption proviennent essentiellement des aspects suivants : couverture fonctionnelle, fiabilité, appropriation par les utilisateurs, structuration de l’écosystème.

Il est essentiel de faire le choix du « bon » logiciel. La question de la licence devra seulement être considérée du point de vue du coût d’acquisition et des stratégies d’évolution moyen/long terme.

Dès lors, la principale raison motivant l’acquisition d’un logiciel, qu’il soit Open Source ou propriétaire, repose sur la nécessité de couvrir un besoin (nouveau besoin fonctionnel, obsolescence, fin de contrat). Dans tous les cas, les critères de choix / sélection de la solution restent identiques et les éléments à prendre en compte sont :

  • la couverture opérationnelle ou adéquation de la solution au besoin du client;
  • le rapport qualité / prix en prenant en compte le coût total d’acquisition (licence logicielle, support et maintenance, formations, ….) ;
  • les facteurs de risque liés au contexte technologique :
  • la robustesse et fiabilité ;
  • la performance ;
  • la scalabilité ;
  • la pérennité.

Lors d’une migration en revanche, des problèmes plus aigus se présentent : préserver les données existantes, former les utilisateurs au nouveau logiciel est indispensable pour révéler les bénéfices attendus. De fait, l’investissement initial en temps/finances/organisations peut être significatif. Pour cette raison, il ne faut jamais limiter sa vision dans de tels projets sur une économie de coûts courts termes (coût des licences, éventuellement du support). Sous peine d’aboutir dans la plupart des cas au rejet avec retour à l’état d’avant. La plupart des retours d’expérience négatifs des entreprises proviennent de ce manque de planification et d’investissement initial.

À l’inverse, des entités comme la Gendarmerie Nationale ou plus récemment la SNCF, qui ont suivi une stratégie long terme, affichent aujourd’hui leur satisfaction sur les projets terminés et préparent un élargissement du passage au libre à de nouveaux pans de leur infrastructure.